Les Mondes de Clèm: Il était une fois, Camille Duciel - Isabelle Beki

vendredi 14 décembre 2012

Il était une fois, Camille Duciel - Isabelle Beki


         Camille était âgée exactement de quatre mille neuf cents jours, soit un peu plus de treize ans, la première fois qu’elle L’avait vu.
Elle en était certaine, puisque c’est au moment où elle entreprenait des calculs savants pour connaître son âge avec précision qu’elle L’avait aperçue derrière l’arrêt de bus.
Elle n’en revenait pas encore. Au début elle avait cru qu’elle était folle car une femme qui passait à côté de Lui n’avait pas exprimé la moindre réaction.
Intriguée, Camille  traversa la route pour se rapprocher du lieu où Il avait fait son apparition. Arrivée à mi-distance un véhicule dérapa et fonça sur elle, la percutant dans les côtes. Puis elle Le vit disparaitre comme par magie après avoir dit quelque chose qui avait eu l’air de le satisfaire profondément. Sauf que la magie ça n’existe pas, et les surdouées comme elle savent parfaitement que tout est démontrable par des chiffres ou des faits même lorsqu’on vient de se faire renverser par une voiture arrivant à 50 km/h avec un angle de 120°. Peu après l’impact elle s’évanouit et n’entendit pas le conducteur lui demandé comment elle allait.
Quand elle se réveilla elle se trouvait dans un lit d’hôpital au milieu de la salle de réveil avec une forte douleur au niveau des côtes. Que lui était-t-il arrivé ? Pourquoi n’avait-t-elle pas traversée au passage piéton, elle qui est si prudente d’habitude ? Et surtout pourquoi personne ne L’avait remarqué ? Comment la voiture avait-elle pu déraper alors qu’il n’avait même pas plu ? Et elle se rappela. Avant de foncer sur elle, le conducteur de la voiture avait essayé d’éviter un plot apparu au milieu de la route. Camille pensa qu’elle devenait folle, les choses n’apparaissent pas comme ça au milieu d’une route !
Camille se remémorerait la scène depuis le matin et sans cesse Elle la voyait de plus en plus précisément. Elle fut tirée de sa rêvasserie par un visage rond à la peau noire surmonté de cheveux tressés décorés par une perle, fendu d’un immense sourire qui passa devant ses yeux.
Camille sursauta avant de réaliser qu’il ne s’agissait que de son ami Salim. Il en profita pour s’asseoir sur le bord du lit avant de lui lançait :
-       Alors comme ça on ne voulait pas venir à ma représentation de jonglage et on a préféré se jeter sous les roues d’une voiture ! J’attendais un peu plus de soutien de ta part tu sais … 
Sous le regard médusé de son amie, il enchaîna : 
-       Non mais je rigolé, personne de sensé ne souhaite passer deux jours à l’hôpital avec des côtes déplacés ! Et plutôt que de me regarder comme si j’étais un extraterrestre je voudrais bien que tu m’explique ce qui s’est passé.
Comme mue d’une inspiration soudaine, Camille se lança dans un discours complexe relatant chaque évènement arrivés avant, pendant et après l’accident qui laissa perplexe Salim. A la fin de son monologue elle conclut par : 
-       En fait je ne sais pas si j’ai tout imaginé ou si c’était la réalité. 
Salim après une courte réflexion lui demanda :
- Tu n’arrêtes pas de me parler de Lui, Il, mais je ne sais          toujours pas qui c’est ou ce que c’est, comment il est donc je ne peux pas répondre à ta question, si ce n’est qu’une chose est sûre la magie ça n’existe pas Camille !
Camille soupira, puis résignée reprit : 
-       Je t’ai déjà tout dit ! Et puis Il n’est pas descriptible !
-       Bon on va faire plus simple, vivant ou mort ?
-       Vivant.
-       Homme, animal ou plante ?
-       Je pense Homme.
-       Homme ou femme ?
-       Homme.
-       Donc pourquoi ne me l’as-tu pas dit avant ? Tu peux me le décrire ou je dois encore jouer aux devinettes ?
-       Oh ce n’est pas si facile ! Il était grand, vêtu de noir, effrayant ou plutôt comme si Il avait une aura malveillante qu’Il diffusé tout autour de lui. Il avait l’air d’être armure sous sa cape aussi.
-       T’es sérieuse !!! Depuis quand les gens dans la rue ont l’air de démons, habillés en noir portant une armure, voulant te tuer ?
Exaspérée Camille se retourna et laissa Salim avec sa question en suspend, il fut tellement gêné qu’il repartit de l’hôpital sans adresser une autre fois la parole à Camille.
                                                         

De retour chez elle, Camille fut accueillit par ses parents avec des airs de fausses retrouvailles. Elle ne s’était jamais très bien entendue avec eux, car ils n’avaient pas l’air de se préoccuper d’avoir une fille dans leur vie. Après quelques embrassades, son père lui donna une chemise remplie de documents.
- Il s’agit du dossier d’inscription pour l’école de critique d’art comme tu nous l’avais demandé. Cependant l’école est à Nantes, lui dit-il.
- Comment ? Je vous avez demandé à Lyon pas à Nantes ! Je ne pourrais plus voir Salim si je pars si loin et vous le savez très bien sauf que j’ai l’impression que vous essayer de me gâcher la vie !
- Pas du tout, nous avions l’impression que l’Ecole de Nantes avait plus de crédit que celle de Lyon… c’est tout.
- Vraiment ? Peut-être que celle de Nantes est moins chère aussi ? Et je pense surtout que vous voulez mettre le plus de distance possible entre nous !
- N’insinue pas ce genre de chose ou sinon n’espère pas revenir voir ton copain auquel tu tiens tant pendant les vacances ! Tu pourrais au moins nous remercier de notre gratitude pour avoir accepter ton orientation professionnelle malgré notre répugnance pour l’art !
- Je vous suis extrêmement reconnaissante de m’envoyer à l’autre bout de la France avec autant de bonté ! répliqua-t-elle amèrement.
            Le mois d’après Camille étudié dans son Ecole d’art à Nantes avec un enthousiasme grisé par l’absence de son meilleur ami. Suite à de nombreuses disputes familiales elle devait rester à l’internat même pendant les vacances la privant de son seul espoir de revoir Salim.
Ses critiques d’œuvres d’art n’en devinrent que plus dures et ses jugements plus critiques. Ses professeurs n’en furent que plus admiratifs et l’envoyèrent étudier à Paris aux Beaux-arts pour faire part de son œil critique aux jeunes artistes.
C’est là qu’elle rencontra un jeune étudiant qui créer les œuvres les plus parfaites selon elle. De ces peintures émanaient la vie, elles faisaient germer une graine d’admiration dans votre cœur, plus vous analysiez la peinture plus cette toute nouvelle pousse croitrait vite. Ce fut ce qui arriva à Camille, elle tomba amoureuse d’admiration devant ces peintures mais n’osa jamais parler à leur créateur.
Un jour elle du dresser la critique d’une de ces œuvres, elle dit juste
-       J’aurai préféré des couleurs froides plutôt que chaudes pour faire encore plus ressentir cette atmosphère poignante .
Le jeune étudiant la regarda et lui dit :
-       Vos désirs sont des ordres.
Il fixa la peinture qui vira du ton orangé au ton bleuté devant le regard stupéfiait de Camille.
-       Voilà, j’espère qu’elle vous plait, sinon je peux apporter encore d’autres modifications.
Camille n’en revenait toujours pas quand elle L’aperçut à nouveau. Il était là, Il été apparut comme par magie, comme la dernière fois.


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